Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/319

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ni plaisir, ni avantage à penser qu’ils abattaient les monumens des consuls et des Césars. D’ailleurs leurs momens étaient précieux. Les Goths évacuèrent Rome le sixième jour[1], et les Vandales le quinzième[2] ; et quoiqu’il soit plus facile de détruire que d’élever un édifice, leur fureur précipitée aurait eu peu d’effet sur les solides constructions de l’antiquité. Le lecteur doit se souvenir qu’Alaric et Genseric affectèrent de respecter les bâtimens de Rome ; que l’heureuse administration de Théodoric les maintint dans leur force et dans leur beauté[3], et que le ressentiment passager de Totila[4] fut réprimé par ses propres réflexions et par les conseils de ses amis et de ses ennemis. Si une pareille accusation ne doit point regarder les Barbares, il n’en est pas de même des catholiques de Rome. Les statues, les autels, les temples du démon étaient abominables à leurs yeux, et il y a lieu de croire que, maîtres absolus de la ville, ils travaillèrent avec zèle et avec persévérance à effacer tous les vestiges de l’idolâtrie de leurs ancêtres. La démolition des temples de l’Orient[5] leur offrait un exemple à suivre, en même temps qu’elle appuie notre conjecture ; il est vraisemblable que le mérite ou le démérite d’une pareille action doit être en partie attribué aux nouveaux

  1. Voyez le chapitre XXII de cet ouvrage.
  2. Chap. XXXI, ibid.
  3. Chap. XXXIX, ibid.
  4. Chap. XLIII, ibid.
  5. Chap. XXVIII, ibid.