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taille de Warna ; la perte des Turcs fut plus considérable, mais moins sensible relativement à leur nombre. Le sultan philosophe n’eut cependant pas honte d’avouer qu’une seconde victoire semblable entraînerait la destruction du vainqueur. Il fit élever une colonne à l’endroit où Ladislas était tombé ; mais la modeste inscription de ce monument célébrait la valeur et déplorait l’infortune du jeune roi, sans blâmer son imprudence[1].

Le cardinal Julien.

Je ne puis me décider à m’éloigner du champ de Warna sans donner à mon lecteur une esquisse du caractère et de l’histoire des deux principaux personnages de cette entreprise, Jean Huniades et le cardinal Julien. Julien Césarini[2] sortait d’une

  1. Outre quelques passages précieux d’Æneas Sylvius, soigneusement recueillis par Spondanus, nos meilleures autorités sont trois historiens du quinzième siècle, Philippe Callimaque (De rebus à Wladislao Polonorum atque Hungarorum rege gestis, libri iii, in Bell., scriptor. rer. hungar., t. I, p. 433-518), Bonfinius (Décad. III, l. V, p. 460-467) et Chalcocondyles (l. VII, p, 165-179). Les deux premiers étaient Italiens ; mais ils passèrent leur vie en Pologne et en Hongrie (Fabricius, Bibl. lat. medii infimæ ætatis, t. I, p. 324 ; Vossius, De Hist. lat., l. III, c. 8-11 ; Dictionn. de Bayle, Bonfinius) ; voyez, pour le théâtre de la guerre au quinzième siècle, un petit Traité de Félix Petancius, chancelier de Segnie (ad calcem Cuspinian. de Cæsaribus, p. 716-722).
  2. M. Lenfant nous a fait connaître l’origine du cardinal Julien (Hist. du concile de Bâle, t. I, p. 247, etc.) et ses campagnes de Bohême (p. 315, etc.). Spondanus et le con-