Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/50

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hasard à Constantinople, soutint avec chaleur les droits de son frère Constantin. On députa sur-le-champ à Andrinople l’historien Phranza en qualité d’ambassadeur. Amurath le reçut avec honneur et le renvoya chargé de présens ; mais sa bienveillante approbation annonçait sa suzeraineté et la chute prochaine de l’empire d’Orient. Constantin fut couronné à Sparte par deux illustres députés. Il partit au printemps de la Morée, évita la rencontre d’une escadre turque, entendit avec satisfaction les acclamations de ses sujets, célébra son avénement par des réjouissances, et épuisa par ses largesses les trésors ou plutôt la pauvreté de ses états. Il céda immédiatement à ses frères la possession de la Morée, et les deux princes Démétrius et Thomas s’unirent en présence de leur mère, par des sermens et des embrassemens, gage peu solide de leur fragile amitié. L’empereur s’occupa ensuite du choix d’une épouse. On proposa la fille du doge de Venise ; mais les nobles de Byzance objectèrent la distance qui se trouvait entre un monarque héréditaire et un magistrat électif ; et dans la détresse où ils se trouvèrent bientôt après, le magistrat de cette puissante république n’oublia pas l’affront qu’il avait reçu. Constantin hésita entre les familles royales de Géorgie et Trébisonde, et les détails de l’ambassade de Phranza, soit par rapport à ses fonctions publiques, soit par rapport à sa vie privée, nous peignent les derniers momens de l’empire grec[1].

  1. Phranza (l. III, c. 1-6) mérite estime et confiance.