Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/64

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Danube, armez contre nous les nations de l’Occident, et soyez sûrs que vous ne ferez que provoquer et précipiter votre ruine. » Mais si ces terribles paroles du visir effrayèrent les ambassadeurs, ils furent rassurés par l’accueil obligeant et les propos affectueux du prince ottoman ; Mahomet leur promit qu’au moment où il serait de retour à Andrinople, il écouterait les plaintes des Grecs, et s’occuperait de leurs véritables intérêts. Dès qu’il eut repassé l’Hellespont, il supprima la pension qu’on leur payait, et il ordonna de chasser leurs officiers des rives du Strymon ; il faisait ainsi connaître ses dispositions hostiles : bientôt il donna un second ordre, qui menaçait et même commençait en quelque sorte le siége de Constantinople. Son grand-père avait élevé une forteresse du côté de l’Asie, dans le passage étroit du Bosphore ; Mahomet résolut d’en construire une plus formidable sur la rive opposée, c’est-à-dire du côté de l’Europe, et mille maçons eurent ordre de se trouver au printemps dans un lieu nommé Asomaton, situé à environ cinq milles de la capitale de l’empire grec[1]. La persuasion est la ressource des

  1. Peter Gyllius (De Bosphoro Thracio, l. II, c. 13), Leunclavius (Pandect., p. 445) et Tournefort (Voyage dans le Levant, t. II, lettre XV, p. 443, 444) sont les auteurs qui font le mieux connaître la situation de la forteresse et la topographie du Bosphore ; mais je regrette la carte ou le plan que Tournefort envoya en France au ministre de la marine. Le lecteur peut relire le chapitre dix-sept de cette Histoire.