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cette liberté, leur plus précieux trésor, et le mot qui désignait cette jouissance, l’expression la plus agréable à leur oreille. Ils méritaient, ils prirent, ils conservèrent la dénomination de Francs ou hommes libres : titre honorable qui cachait, mais qui ne détruisait pas les noms particuliers des différens peuples de la confédération[1]. Un consentement tacite et un avantage réciproque dictèrent les premières lois de l’union ; l’expérience et l’habitude la cimentèrent par degrés. La ligue des Francs pourrait être en quelque sorte comparée avec le corps helvétique, où chaque canton, retenant sa souveraineté indépendante, concourt avec les autres, dans la cause commune, sans reconnaître de chef suprême ni d’assemblée représentative[2]. Mais le principe des deux confédérations est extrêmement différent ; une paix de deux cents ans a récompensé la politique sage et vertueuse des Suisses. L’inconstance, la soif du pillage et la violation des traités les plus solennels ont déshonoré le caractère des Francs.

Ils envahissent la Gaule.

Depuis long-temps les Romains éprouvaient la valeur entreprenante des habitans de la Basse-Germanie ; tout à coup les forces réunies de ces Barbares menacèrent la Gaule d’une invasion plus formidable, et exigèrent la présence de Gallien, l’héritier et

  1. On voit paraître la plupart de ces anciens noms dans une période moins éloignée. Voyez-en des vestiges dans Cluvier, Germ. ant., l. III.
  2. Simler, De repub. helv., cum notis Fuselin.