Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/148

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fleuve séparait de leurs établissemens furent perpétuellement infestées par les Germains et par les Sarmates, sous les règnes de Valérien et de Gallien ; mais les habitans se défendirent avec une fermeté et un bonheur extraordinaires. Les pays qui étaient le théâtre de la guerre fournissaient aux légions un secours inépuisable d’excellens soldats : parmi ces paysans d’Illyrie, il y en eut plus d’un qui, parvenu au commandement des armées, déploya les talens d’un général habile. Les ennemis, campés sur les bords du Danube, menaçaient sans cesse les frontières : quoique leurs détachemens pénétrassent quelquefois jusqu’aux confins de la Macédoine et de l’Italie, les lieutenans de l’empereur arrêtaient leur progrès, ou les coupaient dans leurs retraites[1]. Une nouvelle route vint s’offrir alors aux Barbares, et l’inondation couvrit d’autres contrées. Après avoir conquis l’Ukraine, les Goths devinrent bientôt maîtres de la côte septentrionale du Pont-Euxin : cette mer baignait au midi les provinces opulentes et amollies de l’Asie Mineure, où l’on trouvait tout ce qui pouvait attirer un peuple barbare et conquérant, et rien de ce qui aurait pu lui résister.

Ils s’emparent du royaume du Bosphore.

Les rives du Borysthène ne sont qu’à vingt lieues du passage étroit[2] qui communique à la Tartarie--

  1. Voyez les Vies de Claude, d’Aurélien et de Probus, dans Histoire Auguste.
  2. Sa largeur est environ d’une demi-lieue. Hist. générale des Tartares, p. 598.