Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/186

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ville ; toutes les rues étaient teintes de sang ; tous les édifices considérables avaient été convertis en autant de citadelles ; enfin, le tumulte ne s’apaisa que lorsqu’une grande partie d’Alexandrie eut été entièrement détruite. Cent ans après, la vaste et magnifique enceinte du Bruchion[1], avec ses palais et son muséum, résidence des rois et des philosophes, présentait déjà, comme aujourd’hui, une affreuse solitude[2].

Rebellion des Isauriens.

III. La rebellion obscure de Trebellianus, proclamée en Isaurie, petite province de l’Asie Mineure, eut des suites singulières et mémorables. Un officier de Galien détruisit bientôt ce fantôme de roi ; mais ses partisans, désespérant d’obtenir leur pardon, résolurent de se soustraire à l’obéissance, non-seulement de l’empereur, mais encore de l’empire, et ils reprirent tout à coup leurs mœurs sauvages, dont les traits primitifs n’avaient jamais été entièrement effacés. Ils trouvèrent une retraite inaccessible dans leurs rochers escarpés, branche de cette grande chaîne de montagnes connue sous le nom de mont Taurus. La culture de quelques vallées fertiles[3]

  1. Le Bruchion était un quartier d’Alexandrie qui s’étendait sur le plus grand des deux ports, et qui renfermait plusieurs palais qu’habitèrent les Ptolémées. (D’Anville, Géogr. anc., tom. III, p. 10.) (Note de l’Éditeur.)
  2. Scaliger, animadver. ad Euseb. chron., p. 258. Trois dissertations de M. Bonamy, dans les Mém. de l’Acad., tom. IX.
  3. Strabon, l. XII, p. 569.