Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/204

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recommanda Aurélien, un de ses généraux, comme le plus digne du trône, et comme le plus capable d’exécuter le grand projet qu’il avait à peine eu le temps d’entreprendre. Les vertus de Claude, sa valeur, son affabilité[1], sa justice et sa tempérance, son amour pour la gloire et pour la patrie, le placent au rang de ce petit nombre de princes qui honorèrent la pourpre romaine. Ses vertus cependant doivent une partie de leur célébrité au zèle particulier et à la complaisance des écrivains courtisans du siècle de Constantin, arrière-petit-fils de Crispus, le frère aîné de Claude. La voix de la flatterie apprit bientôt à répéter que les dieux, après avoir enlevé Claude avec tant de précipitation, récompensaient son mérite et sa piété, en perpétuant à jamais l’empire dans sa famille[2].

Usurpation et chute de Quintilius.

Malgré ces oracles, la grandeur des Flaviens (nom que se donna la maison de Constance) ne brilla que plus de vingt ans après son fondateur ; et même l’élévation de Claude causa la ruine de Quintilius son frère, qui n’eut point assez de modération ou assez de courage pour descendre au rang inférieur que lui

  1. Selon Zonare (l. XII, p. 638), Claude, avant sa mort, le revêtit de la pourpre ; mais ce fait singulier n’est point confirmé par les autres historiens, qui paraissent plutôt le contredire.
  2. Voyez la Vie de Claude par Pollion, et les discours de Mamertin, d’Eumène et de Julien. Voyez aussi les Césars de Julien, p. 313. Ce n’est point l’adulation qui fait parler ainsi Julien, mais la superstition et la vanité.