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arrêté le progrès des armes victorieuses de Sésostris et de Darius[1].

Guerre contre les Allemands.

Tandis que la conduite ferme et modérée d’Aurélien rétablissait la frontière d’Illyrie, les Allemands[2] violèrent les conditions de la paix que Gallien avait achetée, ou qui leur avaient été imposées par Claude. Leur jeunesse bouillante ne respirait que la guerre ; ils volèrent tout à coup aux armes, et parurent sur le champ de bataille avec quarante mille chevaux[3] et une infanterie double de la cavalerie[4]. Quelques villes de la Rhétie furent les premiers objets de leur avarice ; mais leur audace croissant avec le succès, leur marche rapide traça une ligne de dévas-

  1. Voyez le premier chapitre de Jornandès. Cependant les Vandales (c. 22) conservèrent quelque temps leur indépendance entre les rivières Marisia et Crissia (Maros et Keres), qui tombent dans la Teiss.
  2. Dexippus, p. 7-12 ; Zosime, l. I, p. 43 ; Vopiscus, Vie d’Aurélien, dans l’Hist. Auguste. Quoique ces historiens diffèrent dans les noms (Alemanni, Juthungi et Marcomanni) il est évident qu’ils ont voulu parler du même peuple et de la même guerre ; mais il faut beaucoup de soin pour les concilier et pour les expliquer.
  3. Chanteclerc, avec son exactitude ordinaire, traduit trois cent mille : sa version est également contraire au sens commun et à la grammaire.
  4. On peut remarquer, comme un exemple de mauvais goût, que Dexippus applique à l’infanterie légère des Allemands les termes techniques propres seulement à la phalange des Grecs.