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par un principe de religion ou de politique, approuva des mesures si salutaires : il écrivit même au sénat pour lui reprocher sa lenteur[1]. Le prince offre, dans sa lettre, de fournir à tous les frais des sacrifices, et de donner tous les animaux, tous les captifs que les dieux exigeraient : malgré ces promesses magnifiques, il ne paraît pas qu’aucune victime humaine ait expié de son sang les fautes du peuple romain. [A. D. 271. 11 janvier.]Les oracles de la Sibylle prescrivirent des cérémonies moins cruelles ; elles consistaient en processions de prêtres revêtus de robes blanches, en chœurs de jeunes garçons et de vierges, en lustrations de la ville et des campagnes voisines, en sacrifices dont l’influence pût arrêter les Barbares, et les empêcher de passer le terrain mystérieux où ils avaient été célébrés. Ces pratiques superstitieuses, quelque puériles qu’elles pussent être, ne furent pas inutiles au succès de la guerre ; et si dans la bataille décisive de Fano, les Allemands crurent voir une armée de spectres, combattant pour Aurélien, ces alliés imaginaires fournirent au prince un secours bien réel et bien considérable[2].

Fortifications de Rome.

Malgré la confiance que les Romains pouvaient avoir dans ces remparts fantastiques, l’expérience du passé et la crainte de l’avenir les engagèrent à construire des fortifications réelles et d’une nature

  1. On s’imaginerait, dit-il, que vous êtes assemblés dans une église chrétienne, non dans le temple de tous les dieux.
  2. Vopiscus (Hist. Aug., p. 215, 216) donne un long détail de ces cérémonies, tiré des registres du sénat.