Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/222

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celles de l’amour[1]. Il périt à Cologne, victime des complots de quelques maris jaloux, dont la vengeance eût été plus excusable s’ils eussent épargné l’innocence de son fils. Après le meurtre de tant de vaillans princes, il est assez étonnant qu’une femme ait contenu pendant long-temps les fières légions de la Gaule ; ce qui doit paraître encore plus singulier, c’est qu’elle était mère de l’infortuné Victorinus. Les artifices et les trésors de Victoria la mirent en état de couronner successivement Marius et Tetricus, de tenir ces empereurs dans sa dépendance, et de régner sous leurs noms avec une mâle fermeté. Elle fit frapper à son coin des espèces d’or, d’argent et de cuivre ; elle prit les titres d’Augusta et de mère des camps ; enfin, son autorité n’expira qu’avec sa vie, dont le cours fut peut-être abrégé par l’ingratitude de Tetricus[2].

Règne et défaite de Tetricus.

Lorsque celui-ci, dirigé par les conseils de son ambitieuse bienfaitrice, monta sur le trône, il avait

    neminem existimo præferendum : non in virtute Trajanum ; non Antoninum in clementia ; non in gravitate Nervam ; non in gubernando ærario Vespasianum ; non in censura totius vitæ ac severitate militari Pertinacem vel Severum. Sed omnia hæc libido, et cupiditas voluptatis mulierariæ sic perdidit, ut nemo audeat virtutes ejus in litteras mittere, quem constat omnium judicio meruisse puniri.

  1. Il viola la femme d’Attitianius, employé de l’armée. Hist. Aug., p. 186. Aurel.-Victor., in Aurel.
  2. Pollion lui donne une place parmi les trente tyrans. Hist. Aug., p. 200.