Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/241

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daient hommage à la renommée et à la puissance de l’empereur romain. Ce prince avait exposé pareillement en public les présens dont il avait été comblé, et surtout les couronnes d’or que lui avaient données un grand nombre de villes reconnaissantes. Une longue suite de captifs goths, vandales, sarmates, allemands, francs, gaulois, syriens et égyptiens, qui s’avançaient avec une sombre contenance, attestaient les victoires d’Aurélien. Chaque peuple était distingué par une inscription particulière, et l’on avait désigné sous le titre d’amazones les dix guerrières de la nation des Goths qui avaient été prises les armes à la main[1]. Mais les spectateurs, dédaignant la foule des prisonniers, fixaient les yeux sur l’empereur Tetricus et sur la reine de l’Orient. Le premier, accompagné de son fils qu’il avait revêtu de la dignité d’Auguste, portait des chausses gauloises[2], une tunique couleur de safran, et un man-

  1. Parmi les nations barbares, les femmes ont souvent combattu avec leurs maris ; mais il est presque impossible qu’une société d’amazones ait jamais existé dans l’ancien continent ou dans le Nouveau-Monde.
  2. L’usage des braccæ, culottes ou chausses, était toujours regardé en Italie comme une mode gauloise et barbare ; cependant les Romains commençaient à s’en rapprocher. S’envelopper les cuisses et les jambes de bandes, fasciæ, c’était, du temps de Pompée et d’Horace, une preuve de mollesse ou de mauvaise santé. Dans le siècle de Trajan, cet usage était réservé aux personnes riches et somptueuses ; il fut insensiblement adopté par les derniers du peuple. Voy. une note très-curieuse de Casaubon, ad Suet. in Aug., c. 82.