Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nombre de quatre-vingt mille. La discipline multipliait leurs forces ; ils composaient une hiérarchie régulière répandue dans toutes les provinces de la Perse. Le principal d’entre eux résidait à Balk, où il recevait les hommages de toute la nation, comme chef visible de la religion, et comme successeur légitime de Zoroastre[1]. Ces prêtres avaient des biens immenses : outre les terres les plus fertiles de la Médie[2], dont les Perses les voyaient jouir paisiblement, leurs revenus consistaient en une taxe générale sur les fortunes et sur l’industrie des citoyens[3]. « Il ne suffit

  1. Le même, c. 28. Hyde et Prideaux affectent d’appliquer à la hiérarchie des mages les termes consacrés à la hiérarchie chrétienne.
  2. Ammien-Marcellin, XXIII, 6. Il nous apprend (si cependant nous pouvons croire cet auteur) deux particularités curieuses : la première, que les mages tenaient des brames de l’Inde quelques-uns de leurs dogmes les plus secrets ; la seconde, que les mages étaient une tribu ou une famille aussi-bien qu’un ordre.
  3. N’est-il pas surprenant que les dîmes soient d’institution divine dans la loi de Zoroastre comme dans celle de Moïse ? Ceux qui ne savent pas comment expliquer cette conformité peuvent supposer, si cela leur convient, que dans des temps moins reculés, les mages ont inséré un précepte si utile dans les écrits de leur prophète (*).
    (*) Le passage que cite Gibbon n’est point tiré des écrits de Zoroastre lui-même, mais du Sadder, ouvrage, comme je l’ai déjà dit, fort postérieur aux livres qui composent le Zend-Avesta, et fait par un mage pour servir au peuple : il ne faut donc pas attribuer à Zoroastre ce qu’il contient. Il est singulier que Gibbon paraisse s’y tromper, car Hyde lui-même n’a pas attribué le Sadder à Zoroastre, et fait remarquer qu’il