Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

titre qui m’expose à l’envie et à tant de dangers. Je dois continuer de jouer le rôle que les troupes m’ont forcé de prendre[1]. » Sa lettre respectueuse au sénat offre les sentimens, ou du moins le langage d’un patriote romain. « Lorsque vous avez choisi un de vos membres, pères conscrits, pour succéder à l’empereur Aurélien, vous vous êtes conduits conformément à votre justice et à votre sagesse ; car vous êtes les souverains légitimes de l’univers ; et la puissance que vous tenez de vos ancêtres sera transmise à votre postérité. Plût aux dieux que Florianus, au lieu de s’emparer de la pourpre de son frère comme d’un héritage particulier, eût attendu ce que votre autorité déciderait en sa faveur, ou pour quelque autre personne ! Les prudentes légions l’ont puni de sa témérité ; elles m’ont offert le titre d’Auguste, mais je soumets à votre clémence mes prétentions et mes services[2]. »

A. D. 276. 3 août.

Lorsque cette lettre fut lue par le consul, les sénateurs ne purent dissimuler leur satisfaction, de ce que Probus daignait solliciter si humblement un sceptre qu’il possédait déjà. Ils célébrèrent avec la plus vive reconnaissance ses vertus, ses exploits, et surtout sa modération. Aussitôt un décret, passé

  1. La lettre était adressée au préfet du prétoire. Ce prince lui promet, s’il se conduit bien, de le conserver dans cette charge importante. Voyez Hist. Aug., p. 237.
  2. Vopiscus, Hist. Aug., p. 237. La date de la lettre est assurément fausse : au lieu de non. februar., on peut lire non. august.