Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/276

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heureux d’acheter par la restitution de tout leur butin la permission de se retirer tranquillement ; lorsqu’ils essayèrent ensuite d’éluder cet article du traité, leur punition fut prompte et terrible[1]. Mais, de tous les peuples qui envahirent la Gaule, le plus formidable était les Lygiens, qui possédaient de vastes domaines sur les frontières de la Pologne et de la Silésie[2]. Parmi ces Barbares, les Aries tenaient le premier rang par leur nombre et par leur fierté. « Les Aries (c’est ainsi qu’ils sont décrits dans le style énergique de Tacite) s’étudient à augmenter leur férocité naturelle par les secours de l’art et du stratagème. Ils noircissent leurs boucliers, leurs corps, leurs visages, et choisissent la nuit la plus sombre pour attaquer l’ennemi. La surprise, l’horreur des ténèbres, le seul aspect de cette armée épouvantable, qui semble sortir des enfers[3], glacent d’effroi les cœurs les plus intrépides ; car, dans un combat, les yeux sont toujours vaincus les pre-

    de Probus, ils se bornèrent à passer le fleuve qui les séparait de l’Empire romain ; ils furent repoussés. Gatterer présume que ce fleuve était le Danube ; un passage de Zosime me paraît indiquer plutôt le Rhin. Zosime, l. I, p. 37 de l’édition d’Henri Étienne, 1581. (Note de l’Éditeur.)

  1. Zosime, l. I, p. 62. L’Histoire Auguste (p. 240) suppose que les Barbares furent châtiés du consentement de leurs rois : s’il en est ainsi, la punition fut partielle comme l’offense.
  2. Voyez Cluvier, Germ. ant., l. III. Ptolémée place dans leur pays la ville de Calisia, probablement Calish en Silésie.
  3. Feralis umbra, qu’on lit dans Tacite, est, à coup sûr, une expression bien hardie.