Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur leur tête lorsque le temps l’exigeait, les garantissait du soleil et de la pluie. Le jeu des fontaines rafraîchissait continuellement l’air imprégné du parfum délicieux des aromates. Dans le centre de l’édifice, l’arène ou théâtre, parsemée du sable le plus fin, prenait successivement les formes les plus variées. Tantôt elle semblait s’élever de terre comme le jardin des Hespérides : elle présentait ensuite les cavernes et les rochers de la Thrace ; des canaux souterrains fournissaient une source d’eau inépuisable ; et ce qui venait de paraître une plaine unie, pouvait être tout à coup changé en un lac couvert de vaisseaux armés, et rempli des monstres de la mer[1]. Les empereurs romains déployèrent leurs richesses et leur libéralité pour embellir ces magnifiques scènes. Nous lisons qu’en plusieurs occasions toutes les décorations de l’amphithéâtre furent d’or, d’argent ou d’ambre[2] ; selon le poète qui décrit les jeux de Carin, sous le nom d’un berger attiré dans la capitale par leur magnificence, les filets destinés à défendre le peuple contre les bêtes sauvages, étaient de fils d’or ; les portiques avaient été dorés, et une

  1. Calphurn., eclog. VII, 64, 73. Ces vers sont curieux, et toute l’églogue a été d’un très-grand secours à Maffei. Calphurnius et Martial (voyez son premier livre) étaient poètes ; mais lorsqu’ils ont décrit l’amphithéâtre, ils ont peint ce qu’ils voyaient, et ils voulaient parler aux sens des Romains.
  2. Voyez Pline, Hist. nat., XXXIII, 16 ; XXXVII, 11.