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Établissement de l’autorité royale dans les provinces.

Artaxercès, par sa valeur et par sa conduite, avait arraché le sceptre de l’Orient à la dynastie des Parthes. Lorsqu’il n’eut plus d’ennemis à combattre, il lui resta la tâche plus difficile, d’établir, dans toute l’étendue de la Perse, une administration uniforme et vigoureuse. Les faibles Arsacides avaient cédé à leurs fils et à leurs frères les principales provinces et les grandes charges de la couronne, à titre de possession héréditaire. On avait permis aux Vitaxes, dix-huit des plus puissans satrapes, de prendre le titre de roi. Une autorité idéale sur tant de rois vassaux flattait l’orgueil puéril du monarque. À peine même les Barbares, au milieu de leurs montagnes, et les Grecs de la Haute-Asie[1], dans le sein de leurs villes, reconnaissaient-ils l’autorité d’un maître aux ordres duquel ils obéissaient rarement. L’empire des Parthes présentait, sous d’autres noms, une vive image du gouvernement féodal[2], si connu depuis en Europe. L’activité du vainqueur ne lui

  1. Ces colonies étaient extrêmement nombreuses. Séleucus-Nicator fonda trente-neuf villes, qu’il appela de son nom ou de celui de ses parens. (Voyez Appien, in Syriac., p. 124.) L’ère de Séleucus, toujours en usage parmi les chrétiens de l’Orient, paraît, jusque dans l’année 508, la cent quatre-vingt-seizième de Jésus-Christ, sur les médailles des villes grecques renfermées dans l’empire des Parthes. Voyez les Œuvres de Moyle, vol. I, p. 273, etc., et M. Fréret, Mém. de l’Académie, t. XIX.
  2. Les Perses modernes appellent cette période la dynastie des rois des nations. Voyez Pline, Hist. nat., VI, 25.