Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/326

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mandement à Carausius, Ménapien[1] de la plus basse origine[2], qui avait long-temps signalé son habileté comme pilote, et son courage comme soldat. L’intégrité du nouvel amiral ne répondit pas à ses talens. Lorsque les pirates de la Germanie sortaient de leurs ports, il favorisait leur passage ; mais il avait soin d’intercepter leur retour, dans la vue de s’approprier une partie considérable des dépouilles qu’ils avaient enlevées. Les richesses que Carausius amassa par ce moyen, parurent avec raison la preuve de son crime. Déjà Maximien avait ordonné sa mort. Le rusé Menapien avait prévu l’orage ; il sut se dérober à la sévérité de son maître. Les officiers de la flotte, séduits par la libéralité de leur commandant, lui étaient entièrement dévoués. S’étant assuré des Barbares, il partit de Boulogne pour se rendre en Bretagne, gagna la légion et les auxiliaires qui défendaient l’île ; et, prenant audacieusement avec la pourpre impériale le titre d’Auguste, il défia

  1. Les Ménapiens habitaient entre l’Escaut et la Meuse, dans la partie septentrionale du Brabant. D’Anv., Géogr. anc., t. I, p. 93. (Note de l’Éditeur.)
  2. Les trois expressions d’Eutrope, d’Aurelius-Victor et d’Eumène, « vilissimè natus, Bataviæ alumnus, Menapiæ civis, » nous font connaître d’une manière fort incertaine la naissance de Carausius. Le docteur Stukely, cependant (Hist. de Carausius, p. 62), prétend qu’il était né à Saint-David, et qu’il était prince du sang royal de Bretagne. Il en a trouvé la première idée dans Richard de Cirencester, p. 44.