Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/327

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la justice et les armes de son souverain irrité[1].

Importance de la Bretagne.

Lorsque la Bretagne eut été démembrée de l’empire, son importance fut plus vivement sentie, et sa perte sincèrement déplorée. Les Romains célébrèrent et exagérèrent peut-être l’étendue de cette île florissante, pourvue de tous côtés de ports commodes, la température du climat et la fertilité du sol, également propre à produire du blé ou du vin, les minéraux précieux, dont le pays est rempli, ses riches pâturages couverts de troupeaux innombrables, et ses bois où l’on n’avait point à redouter la bête sauvage ni le serpent venimeux. Ils regrettaient surtout le revenu considérable de la Bretagne, et ils avouaient cependant, qu’une pareille province méritait bien de devenir le siége d’un royaume indépendant[2]. Elle fut, pendant sept ans, entre les mains de Carausius ; et pendant sept ans, la fortune favorisa une rebellion soutenue par le courage et par l’habileté. [Pouvoir de Carausius.]Le souverain de la Bretagne défendit les frontières de ses domaines contre les Calédoniens du

  1. La Bretagne alors était tranquille, et faiblement gardée. Paneg., V, 12.
  2. Paneg. vet., V, 11 ; VII, 9. Eumène voudrait élever la gloire du héros (Constance) en vantant l’importance de la conquête. Malgré notre louable partialité pour notre pays natal, il est difficile de concevoir qu’au commencement du quatrième siècle l’Angleterre méritât tous ces éloges ; un siècle et demi avant cette époque, les revenus de cette île avaient à peine suffi pour l’entretien des troupes qui y étaient en garnison. Voyez Appien, in Proæm.