Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/339

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exclus de l’espèce humaine, osèrent se mettre au nombre des ennemis de Rome[1]. Tels étaient les indignes alliés des rebelles de l’Égypte ; et leurs incommodes incursions pouvaient troubler le repos de la province, pendant que l’état se trouvait engagé dans des guerres plus sérieuses. Dans la vue d’opposer aux Blemmyes un adversaire convenable, Dioclétien engagea les Nobates, ou peuples de Nubie, à quitter leurs anciennes habitations dans les déserts de la Libye ; et il leur céda un pays considérable, mais inutile, situé au-delà de Syène et des cataractes du Nil, en exigeant d’eux qu’ils respectassent et défendissent à jamais la frontière de l’empire. Le traité subsista long-temps ; et jusqu’à ce que l’établissement du christianisme eût introduit des notions plus rigides de culte religieux, on ratifiait tous les ans ce traité par un sacrifice solennel offert dans l’île Éléphantine, où les Romains et les Barbares se rassemblaient pour adorer les mêmes puissances visibles ou invisibles de l’univers[2].

Dans le temps que Dioclétien punissait les crimes de l’Égypte, il assurait le repos et le bonheur futur de cette province par de sages règlemens, qui furent confirmés et perfectionnés sous le règne de ses successeurs[3]. Un édit très remarquable de ce prince,

  1. Ausus sese inserere fortunæ, et provocare arma romana.
  2. Voyez Procop., De bell. pers., l. I, c. 19.
  3. Il fixa la distribution de blé faite au peuple d’Alexandrie à deux millions de medimni, environ trois millions