Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/367

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reux. Une pareille commission convenait parfaitement au caractère cruel de ce prince, les plus illustres du sénat, que Dioclétien affectait toujours d’estimer, furent enveloppés, par son impitoyable collègue, dans des accusations de complots imaginaires ; la possession d’une belle maison de campagne ou d’une terre bien cultivée les rendait évidemment coupables[1]. Les prétoriens, qui avaient opprimé si long-temps la majesté de Rome, commençaient à la protéger. [Nouveaux corps de gardes, les Joviens et les Herculiens.]Ces troupes hautaines, voyant que leur puissance, autrefois si formidable, leur échappait, étaient disposées à réunir leurs forces avec l’autorité du sénat. Dioclétien, par de prudentes mesures, diminua insensiblement le nombre des prétoriens, abolit leurs priviléges[2] et leur substitua deux fidèles légions d’Illyrie, qui, sous les nouveaux titres de Joviens et d’Herculiens, firent le service des gardes impériales[3]. Mais le coup le plus terrible que Dioclétien et Maximien portèrent au sénat, fut la révolution que, sans bruit et sans éclat,

  1. Lactance accuse Maximien d’avoir détruit fictis criminationibus lumina senatus (De mort. pers., c. 8). Aurel.-Victor parle d’une manière très-douteuse de la bonne foi de Dioclétien envers ses amis.
  2. Truncatæ vires urbis, imminuto prætariarum cohortium atque in armis vulgi numero. (Aurel.-Victor.) Selon Lactance (c. 26), ce fut Galère qui poursuivit le même plan.
  3. C’étaient de vieilles troupes campées en Illyrie ; et, selon l’ancien établissement, chaque corps consistait en six mille hommes. Ils avaient acquis beaucoup de réputation