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tradition récente qui donne pour père à Hélène un roi de la Bretagne, nous sommes forcés d’avouer qu’elle était fille d’un aubergiste[1]. D’un autre côté, nous pouvons défendre la légitimité de son mariage contre ceux qui l’ont regardée comme la concubine de Constance[2]. Constantin-le-Grand naquit, selon toute apparence, à Naissus, ville de la Dacie[3].

  1. Cette tradition, inconnue aux contemporains de Constantin, et fabriquée dans la poussière des cloîtres, fut embellie par Geoffroy de Monmouth, et par les écrivains du douzième siècle ; elle a été défendue, dans le dernier siècle, par nos antiquaires, et elle est sérieusement rapportée dans la volumineuse Hist. d’Angleterre compilée par M. Carte (vol. I, p. 147). Il transporte cependant le royaume de Coil, ce prétendu père d’Hélène, du comté d’Essex à la muraille d’Antonin.
  2. Eutrope (X, 2) indique en peu de mots la vérité, et ce qui a donné lieu à l’erreur : « Ex obscuriori matrimonio, ejus filius. » Zosime (l. II, p. 78) a saisi avec empressement l’opinion la plus défavorable ; il a été suivi par Orose (VII, 25), à l’autorité duquel il est assez singulier que M. de Tillemont, auteur infatigable, mais partial, n’ait pas fait attention. En insistant sur le divorce de Constance, Dioclétien reconnaissait la légitimité du mariage d’Hélène.
  3. Il y a trois opinions sur le lieu de la naissance de Constantin : 1o. les antiquaires anglais avaient coutume de s’arrêter avec transport sur ces mots de son Panégyriste : Britannias illic oriendo nobiles fecisti ; mais ce passage tant relevé peut s’appliquer aussi bien à l’avènement de Constantin qu’à sa naissance. 2o. Quelques Grecs modernes ont fait naître ce prince à Drepanum, ville située sur le golfe de Nicomédie (Cellarius, tom. II, p. 174), que Constantin