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mais nous applaudirions davantage à l’humanité de Constantin, s’il eût épargné un vieillard dont il avait épousé la fille, et qui avait été le bienfaiteur de son père. Dans cette triste scène, il paraît que Fausta sacrifia au devoir conjugal les sentimens que lui put inspirer la nature[1].

Mort de Galère. A. D. 311. Mai.

Les dernières années de Galère furent moins honteuses et moins infortunées. Quoiqu’il eût rempli avec plus de gloire le poste subordonné de César que le rang suprême d’Auguste, il conserva jusqu’à l’instant de sa mort la première place parmi les princes de l’Empire romain : il vécut encore quatre ans environ après sa retraite d’Italie ; et, renonçant sagement à ses projets de monarchie universelle, il ne songea plus qu’à mener une vie agréable. On le vit

  1. Zosime, l. II, p. 82 ; Eumène, Paneg. vet., VII, 16-21. Le dernier de ces auteurs a, sans contredit, exposé toute l’affaire dans le jour le plus favorable à son souverain. Cependant, d’après même sa narration partiale, on peut conclure que la clémence répétée de Constantin et les trahisons réitérées de Maximien, telles qu’elles ont été rapportées par Lactance (De mort. persec., c. 29, 30), et copiées par les modernes, sont dépourvues de tout fondement historique (*).
    (*) Cependant quelques auteurs païens les rapportent et y ajoutent foi. Aurélius Victor dit en parlant de Maximien : Cumque specie officii, dolis, compositis, Constantinum generum tentaret acerbè jure tamen interierat. (Aurel.-Victor, de Cæsar., t. I, p. 623). Eutrope dit aussi : Indè ad Gallas profectus est (Maximianus) dolo composito, tanquam à filio esset expulsus, ut Constantino genero jungeretur ; moliens tamen Constantinum repertâ occasione, interficere, pœnas dedit, justissimo exitu. Eutrope, t. I, l. X, p. 661. (Anon. gentl.) (Note de l’Éditeur.)