Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/423

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

même alors s’occuper de travaux utiles à ses sujets ; il fit écouler dans le Danube le superflu des eaux du lac Pelson, et couper les forêts immenses qui l’entouraient ; ouvrage important qui rendait à la Pannonie une grande étendue de terres labourables[1]. Ce prince mourut d’une maladie longue et cruelle. Son corps, devenu d’une grosseur excessive par une suite de l’intempérance à laquelle il s’était livré toute sa vie, se couvrit d’ulcères et d’une multitude innombrable de ces insectes qui ont donné leur nom à un mal affreux[2]. Mais, comme Galère avait offensé un parti zélé et très-puissant parmi ses sujets, ses souffrances, loin d’exciter leur compassion, ont été signalées comme l’effet visible de la justice divine[3],

  1. Aurelius-Victor, c. 40. Mais ce lac était dans la Haute-Pannonie, près des confins de la Norique, et la province de Valeria (nom que la femme de Galère donna au pays desséché) était certainement située entre la Drave et le Danube (Sextus Rufus, c. 9). Je croirais donc que Victor a confondu le lac Pelson avec les marais volocéens, ou, comme on les appelle aujourd’hui, le lac Sabaton. Ce lac est au centre de la province de Valeria. Sa longueur est de douze milles de Hongrie (environ soixante-dix milles anglais), et il peut en avoir deux de large. Voyez Severini, Pannonia, l. I, c. 9.
  2. Lactance (De mort. persec., c. 33), Eusèbe (l. VIII, c. 16), décrivent les symptômes et le progrès de sa maladie avec une exactitude singulière et avec un plaisir manifeste.
  3. S’il est encore des hommes qui (semblables au docteur Jortin, Remarques sur l’Hist. ecclés., vol. II, p. 307-356) se plaisent à rapporter la mort merveilleuse des persécuteurs,