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quelque plaisir à rencontrer seulement une action qui puisse être attribuée à leur vertu. Constantin, dans la sixième année de son règne, visita la ville d’Autun, et lui remit généreusement les arrérages du tribut. Il réduisit en même temps la proportion des contribuables. On comptait vingt-cinq mille personnes sujettes à la capitation. Ce nombre fut fixé à dix-huit mille[1] ; cependant cette faveur même est la preuve la plus incontestable de la misère publique. Cette taxe était si oppressive, soit en elle-même, soit dans la manière de la percevoir, que le désespoir diminuait un revenu dont l’exaction s’efforçait d’augmenter la masse. Une grande partie du territoire d’Autun restait sans culture : une foule d’habitans aimaient mieux vivre dans l’exil et renoncer à la protection des lois, que de supporter les charges de la société civile. Le bienfaisant empereur, en soulageant les peines de ses sujets par cet acte particulier de libéralité, laissa vraisemblablement subsister les autres maux qu’avaient introduits ses maximes générales d’administration. Mais ces maximes mêmes étaient moins l’effet de son choix que celui de la nécessité ; et si nous en exceptons la mort de Maximien, le règne de Constantin dans la Gaule paraît avoir été le temps le plus innocent et même le plus vertueux de sa vie. Sa présence mettait les pro-

  1. Voyez le huitième panégyrique, dans lequel Eumène expose, en présence de Constantin, les calamités et la reconnaissance de la ville d’Autun.