Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sent justifier une assertion exagérée d’Eusèbe. Selon cet auteur, toute la Scythie, pays immense, divisé en tant de nations, de noms si différens, et de mœurs si sauvages, fut, jusqu’à son extrémité septentrionale, ajoutée à l’Empire romain par les armes victorieuses de Constantin[1].

Seconde guerre civile entre Constantin et Licinius. Ann. 323.

Parvenu à ce haut point de gloire, il eût été difficile à Constantin de souffrir que l’empire fût plus long-temps partagé. Plein de confiance en la supériorité de son génie et de sa puissance militaire, il se détermina, sans avoir eu à se plaindre d’aucune injure, à précipiter du trône un collègue dont l’âge avancé et les vices détestés semblaient rendre la destruction facile[2]. Mais à l’approche du danger, le vieil empereur trompa l’attente de ses amis aussi-bien que de ses adversaires. Rappelant tout à coup cette bravoure et ces talens qui lui avaient mérité l’amitié de Galère et la pourpre impériale, il se prépara au combat, assembla les forces de l’Orient, et remplit bientôt de ses troupes les plaines d’Andri-

  1. Eusèbe, Vie de Constantin, l. I, c. 8. Au reste, ce passage est pris d’une déclamation générale sur la grandeur de Constantin, et il n’est point tiré d’une histoire particulière de la guerre de ce prince avec les Goths.
  2. Constantinus tamen, vir ingens, et omnia efficere nitens, quæ animo præparasset, simul principatum totius orbis affectans, Licinio bellium intulit. (Eutrope, X, 5 ; Zosime, l. II, p. 89.) Les raisons qu’ils ont assignées pour la première guerre civile peuvent s’appliquer avec plus de justesse à la seconde.