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Bataille de Chrysopolis.

Telles étaient les ressources et les talens de Licinius, qu’après tant de défaites réitérées, pendant que Constantin exerçait son activité au siége de Byzance, il assembla en Bithynie une nouvelle armée de cinquante ou soixante mille hommes. Le vigilant empereur ne crut cependant pas devoir négliger les derniers efforts de son rival. Une partie considérable de l’armée victorieuse passa le Bosphore dans de petits bâtimens ; bientôt après l’arrivée de ces troupes, la bataille décisive se donna sur les hauteurs de Chrysopolis, aujourd’hui Scutari. Les soldats de Licinius, quoique nouvellement levés, mal armés et plus mal disciplinés, résistèrent au vainqueur avec un courage inutile, mais animé par le désespoir, jusqu’à ce que la défaite totale et le massacre de vingt-cinq mille hommes eussent irrévocablement déterminé le sort de leur chef[1]. [Soumission et mort de Licinius.]Il se rendit à Nicomédie, moins dans l’espoir de se détendre que dans la vue de gagner du temps pour négocier. Constantia, femme de Licinius et sœur de Constantin, sollicita son frère en faveur de son mari ; elle obtint plutôt

    nier historien, Martinianus était magister officiorum (il se sert en grec de ces deux mots latins) ; quelques médailles semblent indiquer que, pendant le peu de temps qu’il régna, il reçut le titre d’Auguste.

  1. Eusèbe (Vie de Constantin, l. II, c. 16, 17) attribue cette victoire décisive aux ferventes prières de l’empereur. Le fragment de Valois (p. 714) parle d’un corps de Goths auxiliaires, commandés par leur chef Aliquaca, qui combattirent pour le parti de Licinius.