Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/479

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de la politique que de la compassion du vainqueur, la promesse solennelle, confirmée par un serment, que Licinius, après s’être dépouillé de la pourpre, et après avoir sacrifié Martinianus, aurait la permission de passer le reste de ses jours dans un repos honorable. La conduite de Constantia et ses liaisons avec les deux princes rivaux, rappellent naturellement le souvenir de cette vertueuse Romaine, sœur d’Auguste et femme de Marc-Antoine ; mais les idées des hommes étaient changées, et l’on ne pensait plus que ce fût une tache pour un Romain de survivre à son honneur et à sa liberté. Licinius demanda et accepta le pardon de ses fautes ; il déposa la pourpre aux pieds de son seigneur et maître ; et lorsqu’il eut été relevé de terre avec une pitié insultante, il fut admis au banquet impérial. On l’envoya aussitôt à Thessalonique, qu’on avait choisie pour sa prison : il fut bientôt condamné à mourir[1]. On ne sait si, pour motiver son exécution, on eut recours à un tumulte élevé parmi les soldats, ou bien à un décret du sénat. Selon l’usage de la tyrannie, Licinius fut accusé de tramer une conspiration et d’entretenir une correspondance criminelle avec les Barbares ; mais comme il ne fut jamais convaincu ni par sa conduite ni par aucune preuve légale, sa faiblesse doit faire présumer[2] qu’il était innocent. La mémoire

  1. Zosime, l. II, p. 102 ; Victor le jeune, in Epitom. ; l’anonyme de Valois, p. 714.
  2. Contra religionem sacramenti Thessalonicæ privatus occisus est. Eutrope, X, 6 ; et son témoignage est confirmé