Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/76

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à une femme[1]. » En faisant cette exception, Tacite reconnaît la vérité du principe général que nous avons exposé sur la théorie du gouvernement ; nous sommes seulement en peine de concevoir par quels moyens les richesses et le despotisme ont pénétré dans une partie du Nord si éloignée, et ont pu éteindre la flamme généreuse qui brillait dans les contrées voisines des provinces romaines. Comment les ancêtres de ces Norwégiens et de ces Danois, si connus depuis par leur caractère indomptable, se sont-ils laissé enlever le sceau de la liberté germanique[2] ? Quelques tribus des bords de la Baltique reconnaissaient

  1. Les Suéones et les Sitones étaient les anciens habitans de la Scandinavie ; leur nom se retrouve dans celui de Suède : ils n’appartenaient point à la race des Suèves, mais à celle des peuples non Suèves ou Cimbres que les Suèves, dans des temps très-anciens, repoussèrent en partie vers l’occident, en partie vers le nord : ils se mêlèrent dans la suite avec les tribus suèves, entre autres avec les Goths, qui ont laissé les traces de leur nom et de leur domination dans l’île de Gothland. (Note de l’Éditeur.)
  2. Ne pouvons-nous pas imaginer que la superstition enfanta le despotisme ? Les descendans d’Odin, dont la race existait encore en 1060, régnèrent, dit-on, en Suède plus de mille ans. Le temple d’Upsal était l’ancien siége de la religion et de l’empire. En 1153, je trouve une loi singulière qui défendait l’usage et la profession des armes à toute personne, excepté aux gardes du roi. N’est-il pas vraisemblable que cette loi fut colorée par le prétexte de faire revivre une ancienne institution ? (Voyez l’Histoire de Suède, par Dalin, dans la Biblioth. raisonnée, t. XL et XLV.)