Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

confia plusieurs postes importans à d’habiles généraux, et il prit en personne le commandement de ses armées dans la province du Haut-Danube, où sa présence paraissait plus nécessaire. Après plusieurs campagnes sanglantes, où la victoire fut souvent disputée, il vint à bout de dompter la résistance de ces Barbares. Les Quades et les Marcomans[1], qui avaient donné le signal de la guerre, en furent les principales victimes. Ces peuples habitaient les rives du Danube. L’empereur les força de se retirer à cinq milles au-delà de ce fleuve[2], et de lui livrer la fleur de leur jeunesse, qui fut aussitôt envoyée en Bretagne, où elle pouvait servir d’otage, et devenir utile dans l’armée[3]. Les fréquentes rebellions des Quades et des Marcomans avaient tellement irrité Marc-Aurèle, qu’il se proposait de réduire leur pays en province. La mort l’en empêcha ; mais cette ligue redoutable, la seule dont l’histoire fasse mention dans les deux premiers siècles de l’empire, fut entière-

  1. Les Marcomans, colonie qui, venue des rives du Rhin, occupait la Bohème et la Moravie, avaient, dans des temps plus anciens, érigé une grande monarchie, et s’étaient rendus formidables sous leur roi Maroboduus. Voyez Strabon, l. VII ; Velleius-Paterculus, II, 105 ; Tacite, An., II, 63.
  2. M. Wotton (Histoire de Rome, p. 166) prétend qu’ils eurent ordre de se retirer dix fois plus loin. Son raisonnement est spécieux sans être décisif : cinq milles suffisaient pour une barrière fortifiée.
  3. Dion, l. LXXI et LXXII.