Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/109

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général, il faut se méfier des soupçons formés par des étrangers et par des ennemis : ici cependant, ils sont colorés de preuves spécieuses et probables, et ils semblent justifiés par les deux faits suivans, qui seuls, de tous ceux dont nous avons connaissance, parlent de sommes précises, ou peuvent nous donner des idées distinctes. Sous le règne de l’empereur Dèce, l’évêque de Carthage, dès sa première invitation aux fidèles, pour les engager à racheter leurs frères de Numidie qui avaient été emmenés captifs par les Barbares du désert, tira sur-le-champ d’une société moins opulente que celle de Rome, cent mille sesterces, environ huit cent cinquante livres sterling[1]. Cent ans auparavant, une somme de deux cent mille sesterces avait été présentée en un

    Addicta avorum prædia
    Fœdis sub auctionibus,
    Successor exhæres gemit
    Sanctis egens parentibus.
    Hæc occuluntur abditis.
    Ecclesiarum in angulis :
    Et summa pietas creditur
    Nudare dulces liberos.

        Prudent., περι στεφανων, Hym. 2.

    La conduite subséquente du diacre Laurent prouve seulement l’usage convenable que l’on faisait des richesses de l’Église romaine ; elles étaient sans doute très-considérables. Mais Fra Paolo (c. 3) paraît exagérer, lorsqu’il suppose que ce fut l’avarice des successeurs de Commode, ou celle de leurs préfets du prétoire, qui porta ces princes à persécuter les chrétiens.

  1. Saint Cyprien, Epistol. 62.