Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/119

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si absolue sur les consciences et sur les esprits d’une congrégation, toute obscure, toute méprisable qu’elle paraît aux yeux du monde, satisfait plus véritablement l’orgueil du cœur humain que la possession du pouvoir le plus despotique auquel la force des armes et le droit de conquête obligent un peuple à se soumettre.

Récapitulation des cinq causes.

Dans le cours de cet examen important, quoique peut-être d’une nature peu attrayante, j’ai essayé de développer les causes secondes qui ont si efficacement aidé à la vérité de la religion chrétienne. Si parmi ces causes nous avons aperçu quelques ornemens artificiels, quelques circonstances étrangères, ou quelque mélange d’erreur et de passion, il n’est pas étonnant que les hommes aient été si vivement affectés par des motifs conformes à leur nature imparfaite. Un zèle exclusif, l’attente immédiate d’un autre monde, le don prétendu des miracles, la pratique d’une vertu rigide, et la constitution de la primitive Église, telles sont les causes qui ont assuré les succès du christianisme dans l’Empire romain. Les chrétiens durent à la première cette valeur invincible qui dédaignait de capituler avec l’ennemi dont ils avaient juré la perte. Les trois suivantes fournirent à leur valeur les armes les plus formidables. La dernière enfin affermit leur

    pretiosâ veste conspicuus, auro atque purpurâ fulgens, fascibus oblectatus et honoribus, stipatus clientium cuneis, frequentiore comitatu officii agminis honestatus ut ipse de se loquitur in epistolâ ad Donatum. (Voyez Dr  Cave, Hist. littérar., tom. I, p. 87.) (Note de l’Éditeur.)