Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/126

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facile depuis Damas jusqu’à Corinthe, depuis les confins de l’Italie jusqu’aux extrémités de l’Espagne et de la Bretagne ; et ces conquérans spirituels ne rencontrèrent aucun des obstacles qui retardent ordinairement ou qui empêchent l’introduction d’une religion étrangère dans un pays éloigné. Tout nous porte à croire que la foi avait été prêchée dans toutes les provinces et dans toutes les grandes villes de l’empire, avant les règnes de Dioclétien et de Constantin. [Vue historique des progrès du christianisme.]Mais l’établissement des différentes congrégations, le nombre des fidèles qui les composaient, et leur proportion avec la multitude des idolâtres, sont maintenant ensevelis dans l’obscurité, ou déguisés par la fiction et par la déclamation. Nous allons cependant rassembler les notions incomplètes qui nous sont parvenues touchant l’accroissement du nom chrétien en Asie et dans la Grèce, en Égypte, en Italie et dans l’Occident ; nous les rapporterons sans négliger les acquisitions réelles ou imaginaires de la foi au-delà des limites de l’empire romain.

En Orient.

Les riches provinces qui s’étendent de l’Euphrate à la mer d’Ionie, furent le principal théâtre sur lequel l’apôtre des gentils déploya son zèle et sa piété. Les semences de l’Évangile, qu’il avait jetées dans un sol fertile, furent cultivées avec soin par ses disciples ; et il paraît que, durant les deux premiers siècles, ces contrées étaient celles qui renfermaient le corps le plus considérable de chrétiens. Parmi les sociétés établies en Syrie, il n’en existait pas de plus ancienne