Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/156

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On a expliqué d’une manière probable la conduite des empereurs envers les premiers chrétiens ; et la raison qui en a été donnée paraît d’autant plus spécieuse, qu’elle est tirée de la nature du polythéisme. Nous avons déjà observé que l’harmonie religieuse de l’ancien monde était principalement soutenue par la déférence implicite et mutuelle que conservaient les nations de l’antiquité pour leurs cérémonies et pour leurs traditions respectives ; on devait donc s’attendre qu’elles s’uniraient avec indignation contre une secte ou un peuple qui se séparerait de la communion du genre humain, et qui, prétendant posséder seul la science divine, traiterait orgueilleusement d’idolâtre et d’impie toute forme de culte différente du sien. Les droits de la tolérance s’appuyaient sur une indulgence mutuelle ; on ne pouvait plus les réclamer dès qu’on refusait le tribut accoutumé. Comme les Juifs, et les Juifs seuls, persistèrent opiniâtrement à refuser ce tribut, considérons le traitement qu’ils éprouvèrent de la part des magistrats de l’empire ; un pareil examen pourra servir à expliquer jusqu’à quel point ces principes sont justifiés par les faits, et nous découvrirons peut-être en même temps les véritables causes de la persécution qu’a éprouvée le christianisme.

Esprit rebelle des Juifs.

Sans répéter ce que l’on a déjà dit de la vénération des princes et des gouverneurs romains pour le temple de Jérusalem, nous observerons seulement que la destruction du temple et de la ville fut accompagnée et suivie de toutes les circonstances capables