Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ner un soupçon que toute la puissance du despotisme n’aurait point été en état d’étouffer, l’empereur prit le parti de substituer à sa place de prétendus criminels. [Punition cruelle infligée aux chrétiens comme incendiaires de la ville.]« Dans cette vue, dit Tacite, il fit périr, par les plus cruels supplices, des hommes détestés à cause de leurs infamies, nommés vulgairement chrétiens. Christ, de qui vient leur nom, avait été puni de mort sous Tibère par l’intendant Ponce-Pilate[1]. Cette pernicieuse superstition, réprimée pour un temps, reprenait vigueur[2], non-

    tone, au contraire, s’empresse de le rapporter, et Dion le confirme solennellement.

  1. Ce témoignage est seul suffisant pour prouver l’anachronisme des Juifs, qui placent près d’un siècle trop tôt la naissance de Jésus-Christ (Basnage, Hist. des Juifs, l. V, c. 14, 15). Josèphe nous apprend (Antiquités, XVIII, 3) que Ponce-Pilate fut procurateur de la Judée dans les dix dernières années de Tibère. A. D. 27-37. Pour ce qui est du temps particulier de la mort de Jésus-Christ, une très-ancienne tradition la fixe au 25 mars de l’année 29, sous le consulat des deux Geminus. (Tertullien, adv. Judæos, c. 8.) Cette date, qui est adoptée par Pagi, le cardinal Norris et Le Clerc, semble au moins aussi probable que l’ère vulgaire, que l’on place (par je ne sais quelles conjectures) quatre années plus tard.
  2. Cette seule phrase : Repressa in præsens exitiabilis superstitio rursus erumpebat, prouve que les chrétiens avaient déjà attiré l’attention du gouvernement, et que Néron n’était pas le premier à les persécuter. Je suis surpris que l’on n’ait pas insisté sur la confirmation que les Actes des apôtres reçoivent de ces mots de Tacite, Repressa in præsens, et rursus erumpebat. (Note de l’Éditeur.)