Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/290

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rable[1]. Comme nous ne connaissons pas le degré comparatif de zèle et de courage qui régnait alors

    spect et plus modéré : au lieu d’un nombre considérable et en même temps défini, il parle de beaucoup de chrétiens (ϖλειο‌υς), et il emploie avec le plus grand art deux mots équivoques (ισορησαμεν, et υϖομειναντας), qui peuvent signifier, ou qu’il avait vu, ou qu’il avait entendu, et qui expriment, soit l’attente (*), soit l’exécution du châtiment. S’étant ainsi procuré un moyen sûr de se mettre à couvert, il laisse le passage équivoque à ses lecteurs et à ses traducteurs, imaginant bien que leur piété les engagera à préférer le sens le plus favorable. Il y avait peut-être quelque malice dans cette remarque de Théodore Metochita, que tous ceux qui, comme Eusèbe, avaient conversé avec les Égyptiens, se plaisaient à écrire dans un style obscur et embarrassé. (Voyez Valois, ad loc.)

    (*) Ceux qui se donneront la peine de consulter le texte, verront que si le mot υπομειναντας pouvait y être pris pour l’attente du châtiment, le passage n’aurait aucun sens, et deviendrait absurde. (Note de l’Éditeur.)

  1. Ce calcul est fait d’après les martyrs dont Eusèbe a parlé nominativement ; mais il en reconnaît un bien plus grand nombre. Ainsi, les neuvième et dixième chapitres de son ouvrage sont intitulés : d’Antonin, de Zébin, de Germanus, et d’autres martyrs ; de Pierre Monachus, d’Asclepius Marcionita, et d’autres martyrs. En parlant de ceux qui souffrirent sous Dioclétien, il dit : « Je ne rapporterai la mort que de l’un d’eux, afin que d’après cela les lecteurs puissent deviner ce qui arriva aux autres. (Hist. ecclésiast., l. VIII, c. 6.) Dodwell a fait, avant Gibbon, ce calcul et ces objections ; mais Ruinart (Act. mart. Pref., p. 24 et seq.) lui a répondu d’une manière péremptoire : Nohis constat Eusebium in historiâ infinitos passim martyres admisisse quamvis revera paucorum nomina recensuerit. Nec alium