Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/298

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avantageuse, il préféra les confins de l’Europe et de l’Asie, pour pouvoir mieux assujettir sous son bras puissant les Barbares qui habitaient entre le Danube et le Tanaïs, et pour éclairer de plus près la conduite du roi de Perse, qui supportait impatiemment le joug que lui avait imposé un traité ignominieux. Telles avaient été les vues de Dioclétien quand il avait choisi et embelli le séjour de Nicomédie. Mais sa mémoire était justement odieuse au protecteur de l’Église, et Constantin n’était pas insensible à l’ambition de fonder une ville qui pût perpétuer la gloire de son nom. [Situation de Byzance.]Pendant les dernières opérations de la guerre contre Licinius, il avait eu souvent l’occasion d’observer, comme capitaine et comme homme d’état, l’incomparable position de Byzance, et de remarquer combien la nature, en la mettant à l’abri d’une attaque étrangère, lui avait prodigué de moyens pour faciliter et encourager un commerce immense. Plusieurs siècles avant Constantin, un des plus judicieux écrivains de l’antiquité[1] avait décrit les avantages de cette situation, qui avait donné l’empire des mers à une faible colonie sortie de la Grèce, et en avait fait une république indépendante et florissante[2].

  1. Polybe, l. IV, p. 423, édit. de Casaubon. Il observe que les incursions des sauvages habitans de la Thrace, troublèrent souvent le repos des Byzantins, et resserrèrent quelquefois l’étendue de leurs domaines.
  2. Le navigateur Byzas, qu’on appelait le fils de Neptune, fonda la ville de Byzance 656 ans avant l’ère chré-