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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/305

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escarpées de la Thrace et de la Bithynie, sans jamais perdre de vue la cime orgueilleuse de l’Olympe, toujours couverte de neige[1]. Ils laissent à leur gauche un golfe enfoncé au fond duquel était située la ville de Nicomédie, où Dioclétien avait fixé sa résidence impériale, et ils dépassent les petites îles de Cizique et de Proconnèse, avant de jeter l’ancre à Gallipoli, où la mer, qui sépare l’Europe de l’Asie, se rétrécit de nouveau et forme un étroit canal.

L’Hellespont.

Les géographes qui ont examiné avec le plus d’intelligence et de soin la forme et l’étendue de l’Hellespont, évaluent à environ soixante milles le cours sinueux de ce détroit célèbre, et portent à peu près à trois milles sa largeur ordinaire[2]. La partie la

  1. Thevenot (Voyages au Levant, part. I, l. I, c. 14) ne compte que cent vingt-cinq petits milles grecs. Belon (Observations, l. II, c. 1) décrit très-bien la Propontide ; mais il se contente de dire vaguement qu’il faut pour la traverser un jour et une nuit de navigation. Lorsque Sandys (Voyag., p. 21) lui donne cent cinquante stades en longueur et en largeur, on ne peut que supposer une faute d’impression dans le texte de ce judicieux voyageur.
  2. Voy. dans les Mém. de l’Acad. des inscript., t. XXVIII, p. 318-346, une dissertation admirable de M. d’Anville sur l’Hellespont et les Dardanelles. Au reste, cet habile géographe aime trop à supposer des mesures nouvelles et peut-être imaginaires, afin de rendre les écrivains de l’antiquité aussi exacts que lui. Les stades qu’emploie Hérodote dans la description de l’Euxin, du Bosphore, etc. (l. IV, c. 85), devaient être tous de la même espèce, et il paraît impossible de faire concorder ses calculs entre eux ou avec la vérité.