Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/374

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sors. 1o. L’intérieur du palais était gouverné par un eunuque favori, qu’on nommait præpositus ou préfet de la chambre sacrée, où le prince reposait. Son devoir était d’accompagner l’empereur dans ses conseils et dans ses parties de plaisir, d’être toujours près de sa personne, et de remplir près de lui tous ces services domestiques qui ne peuvent recevoir quelque éclat que de l’influence de la royauté. [Le chambellan.]Sous un prince digne de régner, le grand chambellan, car nous pouvons le nommer ainsi, n’était qu’un serviteur utile et modeste ; mais un domestique adroit à portée de saisir tous les momens de confiance et d’oubli que présente la familiarité, acquerra bientôt sur un esprit faible un ascendant que doivent rarement obtenir l’austère sagesse et l’inflexible vertu. Les petits-fils dégénérés de Théodose, invisibles à la nation, et méprisés de ses ennemis, élevèrent le préfet de leur chambre au-dessus de tous les ministres du palais[1], et son lieutenant même, le chef de cette pompeuse suite d’esclaves qui gardaient leur maître, fut jugé digne de précéder les respectables proconsuls de la Grèce et de l’Asie. La juridiction du chambellan s’étendait sur les comtes ou surintendans chargés des deux emplois importans relatifs à la table somptueuse du prince et à sa magnifique garde-robe[2]. 2o. La principale administration des

  1. Code Théodos., l. 6, tit. 8.
  2. Par une singulière métaphore empruntée du caractère guerrier des premiers empereurs, l’intendant de leur maison se nommait le comte de leur camp (comes castren-