Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/376

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dents, aurait paru indigne de la majesté romaine, il y eut un secrétaire particulier pour la langue grecque, et l’on établit des interprètes pour recevoir les ambassadeurs des Barbares ; mais le département des affaires étrangères, qui constitue aujourd’hui une partie si essentielle de la politique moderne, occupait peu le grand-maître ; il portait une attention plus sérieuse sur les postes et les arsenaux de l’empire ; des compagnies régulières d’ouvriers, placées dans trente-quatre villes, quinze à l’Orient, et dix-neuf à l’Occident, fabriquaient continuellement des armes offensives et défensives, et des machines de guerre que l’on déposait dans les arsenaux pour les distribuer aux troupes dans l’occasion. [Le questeur.]3o. Durant le cours de neuf siècles, l’office de questeur avait essuyé de singuliers changemens. Dans l’enfance de Rome, le peuple choisissait, tous les ans, deux magistrats inférieurs pour remplacer les consuls dans l’administration délicate et dangereuse des deniers publics[1]. Chaque proconsul ou préteur, soit qu’il eut un commandement militaire ou provincial, avait pour assesseur un de ces officiers. À mesure que les conquêtes étendirent l’empire, les deux questeurs furent successivement portés au nombre de quatre, de

  1. Tacite (Ann., XI, 22) dit que les premiers questeurs furent élus par le peuple soixante-quatre ans après la fondation de la république ; mais il croit que long-temps avant cette époque, les consuls et même les rois les nommaient chaque année : d’autres écrivains contestent ce point obscur d’antiquité.