Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/391

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mande venait avant que la précédente fût entièrement acquittée, l’accablante machine des finances était dirigée, pendant toute l’année, par les mêmes mains. Tout ce qu’il y avait d’important et d’honorable dans cette administration était confié à la sagesse des préfets et de leurs représentans dans les provinces. Une foule d’officiers d’un rang inférieur en réclamaient les fonctions lucratives ; les uns dépendaient du trésorier, les autres du gouverneur de la province ; et, dans les inévitables conflits d’une juridiction incertaine, ils trouvaient tous de fréquentes occasions de se disputer les dépouilles du peuple. Les emplois pénibles, qui n’étaient susceptibles de produire que la haine du peuple, des reproches, des dangers et des dépenses, étaient donnés aux décurions[1], qui formaient les corporations des villes, et que la sévérité des lois impériales avait condamnés à soutenir le poids de la société civile[2].

  1. Les décurions étaient chargés de fixer, d’après le cadastre des biens dressé par les tabularii, ce que devait payer chaque propriétaire. Cet odieux emploi était impérieusement dévolu aux plus riches citoyens de chaque ville ; ils n’avaient aucun appointement, et toute leur récompense était de ne pas être sujets à certains châtimens corporels, dans le cas où ils les auraient mérités. Le décurionat était la ruine de tous les gens riches ; aussi s’efforçaient-ils d’éviter ce dangereux honneur : ils se cachaient, ils entraient au service ; mais leurs efforts étaient inutiles, on les atteignait, on les contraignait à devenir décurions, et l’on appelait impiété la crainte que leur inspirait ce titre. (Note de l’Éditeur.)
  2. Le titre sur les décurions (l. XII, tit. I) est le plus