Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/399

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en sentira mieux l’impossibilité, si on examine le rapport de ce même pays aujourd’hui riche, industrieux et affectionné à un monarque absolu. Ni la crainte ni la flatterie ne peuvent enfler les taxes de la France au-dessus de dix-huit millions sterling ; qui doivent être répartis peut-être entre vingt-quatre millions d’habitans[1] : sept millions d’entre eux,

  1. Ce calcul de la population de la France, quelque effrayant qu’il puisse paraître, est fondé sur les registres des naissances, des morts et des mariages, tenus par ordre du gouvernement, et déposés au contrôle général à Paris. L’année commune des naissances, dans tout le royaume, prise sur cinq ans (de 1770 à 1774 inclusivement), est de quatre cent soixante-dix-neuf mille six cent quarante-neuf mâles, et de quatre cent quarante-neuf mille deux cent soixante-neuf filles, en tout neuf cent vingt-huit mille neuf cent dix-huit enfans. La province du Hainaut français donne seule neuf mille neuf cent six naissances ; et d’après un dénombrement du peuple, répété annuellement depuis 1773 jusqu’en 1776, on est sûr que le Hainaut contient deux cent cinquante-sept mille quatre-vingt-dix-sept habitans. Si on suppose que la proportion des naissances annuelles à la population totale est à peu près de un à vingt-six, le royaume de France contient vingt-quatre millions cent cinquante-un mille huit cent soixante-huit personnes de tout âge et de tout sexe ; si on adopte la proportion plus modérée de un à vingt-cinq, la population totale sera de vingt-trois millions deux cent trente-deux mille neuf cent cinquante. Comme le gouvernement de France s’occupe avec soin de ces recherches, que l’Angleterre devrait imiter, il y a lieu d’espérer un degré de certitude encore plus précis sur ce sujet important.