Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/410

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sciences, ainsi que les arts, reçurent quelques encouragemens de sa munificence protectrice. Il était d’une activité infatigable dans les affaires ; et les facultés de son esprit étaient presque toujours employées soit à lire ou à méditer, soit à écrire, à donner audience aux ambassadeurs, et à recevoir les plaintes de ses sujets. Ceux qui se sont élevés le plus vivement contre sa conduite, ne peuvent nier qu’il ne conçût avec grandeur, et qu’il n’exécutât avec patience les entreprises les plus difficiles, sans être arrêté ni par les préjugés de l’éducation, ni par les clameurs de la multitude. À la guerre, il faisait des héros de tous ses soldats, en se montrant lui-même soldat intrépide et général expérimenté ; il dut moins à la fortune qu’à ses talens les victoires signalées qu’il remporta contre ses ennemis et contre ceux de l’état. Il cherchait la gloire comme la récompense, peut-être comme le motif de ses travaux. L’ambition démesurée qui, depuis l’instant où il fut revêtu de la pourpre à York, parut toujours être sa passion dominante, peut être justifiée par le danger de sa situation, par le caractère de ses rivaux, par le sentiment de sa supériorité, et par l’espoir que ses succès le mettraient en état de rétablir l’ordre et la paix dans l’empire déchiré. Dans les guerres civiles contre Maxence et contre Licinius, il avait pour lui les vœux du peuple, qui comparait les vices effrontés de ces tyrans à l’esprit de sagesse et de justice par lequel semblait être généralement dirigée l’administration de Constantin.[1]

  1. Le tableau des vertus de Constantin est tiré, en grande