Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/413

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les manières qu’il adopta vers la fin de sa vie, ne servirent qu’à le dégrader dans l’opinion ; la magnificence asiatique adoptée par l’orgueil de Dioclétien prit, dans la personne de Constantin, un air de mollesse et d’afféterie. On le représente avec de faux cheveux de différentes couleurs, soigneusement arrangés par les coiffeurs les plus renommés de son temps. Il portait un diadème d’une forme nouvelle et plus coûteuse ; il se couvrait d’une profusion de perles, de pierres précieuses, de colliers et de bracelets ; il était revêtu d’une robe de soie flottante, et artistement brodée en fleurs d’or. Sous cet appareil, qu’on eût difficilement pardonné à la jeunesse extravagante d’Héliogabale, nous chercherions en vain la sagesse d’un vieux monarque et la simplicité d’un vétéran romain[1]. Son âme corrompue par la fortune, ne s’élevait plus à ce sentiment de grandeur qui dédaigne le soupçon et qui ose pardonner. Les maximes de l’odieuse politique qu’on apprend à l’école des tyrans, peuvent peut-être excuser la mort de Maximien et de Licinius ; mais le récit impartial des exécutions, ou plutôt des meurtres qui souillèrent les der-

  1. Julien s’efforce, dans les Césars, de couvrir son oncle de ridicule. Son témoignage, suspect en lui-même, est confirmé toutefois par le savant Spanheim, d’après les médailles. (Voyez Commentaire, p. 156, 299, 397, 459.) Eusèbe (orat., c. 3) allègue que Constantin s’habillait pour le public, et non pour lui-même. Si on admet cette raison, le petit-maître le plus ridicule ne manquera jamais d’excuse.