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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/423

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mériterait d’être soutenu par des autorités plus respectables. Mais si nous consultons les écrivains plus anciens et plus véridiques, ils nous apprendront que le repentir de Constantin ne s’est manifesté que par le meurtre et par la vengeance, et qu’il expia la mort d’un fils innocent par le supplice d’une épouse peut-être criminelle. Ils attribuent les malheurs de Crispus aux artifices de Fausta, sa belle-mère, dont la haine implacable, ou l’amour dédaigné, renouvela dans le palais de Constantin l’ancienne et tragique histoire de Phèdre et d’Hippolyte[1]. Comme la fille de Minos, la fille de Maximien accusa Crispus d’avoir voulu attenter à la chasteté de la femme de son père ; et elle obtint aisément du jaloux empereur une sentence de mort contre un jeune prince qu’elle regardait, avec raison, comme le plus formidable rival de ses enfans. Mais Hélène, la mère de Constantin, alors très-âgée, déplora et vengea la mort prématurée de Crispus, son petit-fils. On découvrit bientôt, ou l’on prétendit avoir découvert que Fausta se livrait à une familiarité criminelle avec un esclave appartenant aux écuries impériales[2].

  1. Zosime, l. II, p. 103, peut être regardé comme notre autorité. Les recherches ingénieuses des modernes, aidées de quelques mots échappés aux anciens, ont éclairé et perfectionné son obscure et imparfaite narration.
  2. Philostorgius, l. II, c. 4 ; Zosime, l. II, p. 104, 116, impute à Constantin la mort de deux femmes, de l’innocente Fausta, et d’une épouse adultère, qui fut la mère de ses trois successeurs. Selon saint Jérôme, trois ou quatre