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qu’elle regrettait[1]. Le jeune Dalmatius, auquel on accorde des talens presque égaux à ceux de Constantin-le-Grand, était lié avec ses cousins d’amitié autant que d’intérêt. Il ne semble pas qu’il ait pris en cette occasion aucune mesure pour soutenir par les armes les droits que lui et le prince son frère tenaient de la libéralité de leur oncle. Étourdis et accablés des cris d’une populace en fureur, ils ne pensèrent ni à faire résistance, ni à s’échapper des mains de leurs implacables ennemis. Leur sort demeura incertain jusques à l’arrivée de Constance, le second et peut-être le plus chéri des fils de Constantin[2].

Massacre des princes.

La voix de l’empereur mourant avait recommandé le soin de ses funérailles à la piété de Constance ; et ce prince, par la proximité de sa résidence en Orient, pouvait aisément prévenir l’arrivée de ses frères, dont l’un était en Italie et l’autre dans les Gaules. Quand il eut pris possession du palais de Constantinople, son premier soin fut de tranquilliser ses cousins en se rendant caution de leur sûreté par un

  1. Eusèbe (l. IV, c. 6) termine son récit par ce témoignage de la fidélité des troupes, et il a soin de taire les circonstances odieuses du massacre qui suivit.
  2. Eutrope (x, 9) a fait un portrait avantageux, mais en peu de mots, de Dalmatius : Dalmatius Cæsar, prosperrimâ indole, neque patruo absimilis, haud multò post oppressus est factione militari. Comme saint Jérôme et la Chronique d’Alexandrie parlent de la troisième année du César, qui ne commença qu’au 18 ou au 24 septembre A. D. 337, il est certain que ces factions militaires durèrent plus de quatre mois.