Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/466

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donna audience aux ambassadeurs de Magnence et de Vétranio. Le premier auteur de la conspiration, Marcellinus, qui avait, en quelque façon, donné la pourpre à son nouveau maître, s’était audacieusement chargé de cette dangereuse commission ; et ses trois collègues avaient été choisis dans le nombre des illustres de l’état et de l’armée ; on leur recommanda d’adoucir Constance sur le passé et de l’épouvanter sur l’avenir. Ils étaient autorisés à lui offrir l’alliance et l’amitié des princes d’Occident, à cimenter leur union par un double mariage de Constance avec la sœur de Magnence, et de Magnence avec l’ambitieuse Constantina ; et à reconnaître par un traité la prééminence qui appartenait de droit à l’empereur d’Orient. Dans le cas où son orgueil ou une délicatesse mal placée lui ferait refuser des conditions si équitables, les députés avaient ordre de lui représenter qu’il courrait inévitablement à sa ruine, s’il provoquait le ressentiment des souverains de l’Occident, et les obligeait à employer contre lui des forces supérieures, leur valeur, leurs talens militaires, et les légions qui avaient fait triompher tant de fois le grand Constantin. Ces propositions, appuyées de tels argumens, méritaient une attention sérieuse : Constance différa sa réponse jusqu’au lendemain ; et comme il sentait l’importance de justifier aux yeux du peuple la nécessité d’une guerre civile, il tint le discours suivant à son conseil, qui l’entendit avec une crédulité réelle ou affectée.

« Cette nuit, dans mon sommeil, l’ombre du