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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/477

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qui le poursuivirent depuis les bords de la Drave jusqu’au pied des Alpes Juliennes[1].

L’approche de l’hiver fournit à l’indolence de Constance des prétextes spécieux de discontinuer la guerre jusqu’au printemps. Magnence avait fixé sa résidence dans la ville d’Aquilée, et paraissait résolu de disputer le passage des montagnes et des marais qui défendaient l’approche du pays des Vénètes ; il n’aurait pas même quitté l’Italie lorsque les impériaux se furent emparés, par une marche secrète, d’une forteresse située sur les Alpes, si les peuples eussent été disposés à soutenir la cause de leur tyran[2] ; mais le souvenir des cruautés que ses ministres avaient exercées après la malheureuse révolte de Népotien, avait laissé dans l’âme des Romains une profonde impression d’horreur et de ressentiment. Ce jeune imprudent, fils de la princesse Eutropia, et neveu de Constantin, avait vu avec indignation un Barbare perfide usurper le sceptre de

  1. On doit préférer ici le témoignage non suspect de Zosime et de Zonare aux assertions flatteuses de Julien. Magnence a un caractère singulier sous la plume de Victor le jeune : Sermonis acer, animi tumidi, et immodicè timidus ; artifex tamen ad occultandam audaciæ specie formidinem. Mais lors de la bataille de Mursa se laissa-t-il conduire par la nature ou l’art ? Je pencherais pour le dernier.
  2. Julien, orat. I, p. 38, 39. En cet endroit, ainsi que dans le discours 2, p. 97, il laisse entrevoir la disposition générale du sénat, du peuple et des soldats de l’Italie en faveur de l’empereur.