Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/481

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enveloppé par une armée de Germains, que les artifices de Constance avaient intéressée aux dissensions des Romains[1]. Dans le même temps, les troupes impériales forcèrent les passages des Alpes Cottiennes, et le combat sanglant de Mons Seleucus marqua pour jamais le parti de Magnence du titre de rebelle[2]. L’usurpateur n’avait plus d’armée à opposer, ses gardes étaient corrompus ; et quand il paraissait en public, on le saluait unanimement des cris de vive l’empereur Constance ! Il vit bien qu’on se préparait à mériter le pardon et des récompenses par le sacrifice du principal coupable ; il prévint l’exécution de ce projet ; et, se jetant sur sa propre épée[3], il obtint du moins une mort plus douce et

  1. Julien, orat. 1, p. 40 ; II, p. 74 ; et Spanheim, p. 263. Le Commentaire de ce dernier jette du jour sur les opérations de la guerre civile. Mons Seleuci était une petite place située dans les Alpes Cottiennes, à peu de milles de Vapineum ou de Gap, ville épiscopale du Dauphiné. Voyez d’Anville, Notice de la Gaule, p. 464 ; et Longuerue, Description de la France, p. 327.
  2. Zosime, l. II, p. 134 ; Libanius, orat. X, p. 268, 269. Le dernier accuse d’un ton véhément cette politique cruelle et égoïste de Constance.
  3. Julien, orat. 1, p. 40 ; Zosime, l. II, p. 134 ; Socrate, l. II, c. 32 ; Sozomène, l. IV, c. 7. Victor le jeune décrit la mort du tyran avec des détails horribles : Transfosso latere, ut erat vasti corporis, vulnere naribusque et ore cruorem effundens, expiravit. Si nous pouvons ajouter foi à Zonare, le tyran, avant d’expirer, eut le plaisir d’égorger, de sa propre main, sa mère et son frère Desiderius.