Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/51

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3o. À peine les polythéistes les plus religieux de la Grèce et de Rome envisageaient-ils la doctrine d’un état futur comme un article fondamental de foi. La providence des dieux avait plutôt rapport aux sociétés publiques qu’aux individus, et elle se développait principalement sur le théâtre visible de notre univers. Les vœux particuliers offerts devant les autels de Jupiter ou d’Apollon, exprimaient le désir inquiet de leurs adorateurs pour la félicité temporelle, et marquaient en même temps leur ignorance ou leur insensibilité concernant une vie à venir[1]. La vérité importante de l’immortalité de l’âme fut annoncée avec plus de soin et avec plus de succès dans l’Inde, en Assyrie, en Égypte et dans la Gaule ; [Parmi les Barbares.]et puisque ce n’est point dans une supériorité de connaissances parmi ces Barbares que nous pouvons trouver la raison d’une différence si sensible, il faut l’attribuer à l’influence d’un ordre de prêtres établis dans ces contrées, et qui employaient les motifs de vertu comme des instrumens d’ambition[2].

    dans des inconséquences bien étranges. Voyez Bayle, Réponses aux questions d’un provincial, part. III, c. 22.

  1. Voyez la seizième épître du premier livre d’Horace, la treizième satire de Juvénal, et la seconde satire de Perse. Ces discours populaires expriment le sentiment et le langage de la multitude.
  2. Si nous nous bornons aux Gaulois, nous pouvons observer qu’ils confiaient, non-seulement leurs vies, mais leur argent même à l’assurance d’un autre monde. « Vetus ille mos Gallorum occurrit (dit Valère-Maxime, l. II, c. 6,